JPMorgan vient d’enregistrer la marque JPMD et annonce un pilote sur Base, la couche 2 Ethereum opérée par Coinbase. Le jeton représente des dépôts bancaires en dollars et circule 24h/24 entre clients institutionnels. La banque veut ainsi moderniser ses rails de paiement, déjà rodés par JPM Coin qui traite plus d’un milliard de dollars par jour.
Base d’Ethereum, l’infrastructure choisie par JPMorgan
Base domine déjà les réseaux L2 avec plus de 2 milliards de dollars verrouillés et un trafic qui frôle celui d’Arbitrum. JPMorgan profite de frais bas, de règlements instantanés et de la gouvernance “stage 1” qui réduit le risque de centralisation.
Quatre différences majeures avec les stablecoins
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Premièrement, JPMD reste une créance directe sur la banque.
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Deuxièmement, il fonctionne dans un registre autorisé : seules les adresses validées peuvent recevoir ou envoyer.
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Troisièmement, chaque transfert enclenche un règlement interbancaire automatisé, supprimant le risque de réserve partielle typique des stablecoins.
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Quatrièmement, la supervision prudentielle s’applique pleinement, ce que vise justement le GENIUS Act en cours d’examen au sénat des États‑Unis.
Répercussions immédiates sur les marchés crypto
L’annonce stimule déjà la demande de tokens liés à Base : le volume sur les DEX du réseau a bondi de 18 % en quarante‑huit heures. Les arbitrages déplacent des flux hors de Solana et d’Arbitrum vers Base pour capter le « flow » institutionnel naissant. On observe aussi une compression du spread entre USDC et USDT, signe que les traders anticipent un nouvel actif dollar de haute qualité.
Projections à court terme
Si le pilote confirme des règlements 20 fois moins coûteux que Swift, JPMorgan pourrait ouvrir JPMD à ses 300 banques correspondantes. Dans ce cas, la profondeur de marché sur Base dépasserait 10 milliards de dollars d’ici fin 2025, selon nos projections internes.
Voir aussi: Ethereum sous la loupe, les secrets de la blockchain qui défie les banques
Par contre, si la régulation restreint les dépôts tokenisés à un cercle fermé, JPMD restera un produit de trésorerie spécifique. En outre, il pèsera surtout sur les marges des émetteurs de stablecoins.
Le dilemme des stablecoins privés
L’arrivée de JPMD met une pression inédite sur les émetteurs privés comme Circle (USDC) et Tether (USDT). Ces derniers opèrent sans licence bancaire et reposent sur des réserves souvent opaques. Toutefois, avec JPMorgan dans la boucle, les investisseurs institutionnels risquent de réévaluer leur exposition. En effet, pourquoi utiliser un stablecoin non régulé quand un jeton bancaire garanti existe sur la même infrastructure ?
Points de vigilance réglementaires pour JPMorgan
La bataille se jouera sur la définition de « dépôt tokenisé » : les superviseurs devront décider si JPMD tombe sous les règles de liquidité intrajournalière ou sous celles des systèmes de paiement systémique. En Europe, MiCA ignore encore cette catégorie ; la CEB prépare donc un addendum. Aux Etats-Unis, le Genius Act pourrait imposer une garantie intégrale des dépôts tokenisés, rendant le modèle plus coûteux mais plus sûr.
Déduction éclair sur JPMD de JPMorgan
En lançant JPMD sur Base, JPMorgan ouvre une voie médiane entre stablecoins commerciaux et CBCD. En l’occurrence, la banque teste la portabilité universelle du dollar tout en conservant l’ossature bancaire.
Dans l’hypothèse où l’essai se transforme, le paysage crypto verra cohabiter trois espèces :
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les stablecoins grand public,
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les CBCD de détail,
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au centre, ces dépôts tokenisés haut de gamme.
La compétition pour la liquidité dollar vient de changer d’échelle.
La distinction entre banque traditionnelle et finance décentralisée continue de s’estomper. mais ici, ce sont les banques qui fixent les règles du jeu. JPMorgan ne fait pas de DeFi. Elle fait de la finance programmable, régulée, interbancaire.